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Ocoindufeu
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14 février 2007

Ranger

rangerAttention "ranger". Désordre à tenir en laisse, débordements à prévoir. Laissant parfois échapper un grognement, grinçant des dents, j'ai ordonné mon espace, redressé les tours de Pise de mes chemises, cahiers, dossiers et livres. J'ai trié, rogné, jeté, sabré. Mes étagères ne laissent désormais voir que la parfaite ordonnance d'un présentoir d'opticien, le lustre en moins. J'en conçois une certaine tristesse, à l'opposé de mon joyeux bordel habituel. C'est curieux parce qu'après tout, il faut bien reconnaître à l'ordre un côté pratique, un gain de temps évident, une économie d'agacements superflus. Mais j'aime bien cet espace entre le moment où je cherche puis celui où je trouve l'objet perdu- car je retrouve tout, ou presque -. Je dis bien "espace" car c'est de cela dont il s'agit et non de temps. Quand j'ai égaré quelque chose, je commence par tourner sur moi-même, lentement, avec une légère arythmie du coeur. Ensuite seulement, je prends possession des lieux. Je marche à grands pas d'un endroit à l'autre en toute malhonnêteté car je sais qu'il me suffirait de m'immobiliser tranquillement sur une chaise et de réfléchir quelques minutes pour découvrir l'objet de ma quête. Non. Je préfère aller et venir. Et oui, cet espace m'appartient, je le réaffirme, partout j'y ai laissé trace. J'égarerais pour occuper les lieux ? Et puis je trouve des pépites, dans les strates de mon désordre, des oublis-malle-au-trésor que je m'émerveille de redécouvrir, une vieille photo, une lettre, un livre. Quels stratagèmes !

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Commentaires
O
ScroGroGneux.<br /> Merci.<br /> Encore.
L
Le liquide plus fort que le solide .. c'est connu. La masse liquide de tes livres, tes photos, tes classeurs qui réinventent la forme oubliée des étagères, tables et autres fauteuils laissés sans surveillance, vides et vains. La puissance de la matière glissante (tu tires là et ça s'effondre ici) et la menace oppressante de ce volume toujours grandissant.<br /> LeGrogneux, éclaboussé par tant de "réservoirs à mots" fuyant en fontaines improbables, râle: "... et l'harmonie de l'espace, de la courbe douce, de la ligne pleine d'elle même". Bien sûr, il ne réclame pas de géométrie anguleuse, agressive, fonctionnelle ... ennuyeuse en somme. Non aux rayonnages inhabités de bataillons de reliures sans âme! Son idéal ... le désordre esthétique: des piles nonchalamment sculptées par tes soins, des strates aussi belles qu'un mille-feuilles, qu'un schiste, qu'un lit de sable. Un espace voulu et non subi, habité par toi et non délaissé au hasard du geste nonchalant. Un espace où se perdre à deux: toi dans ta recherche, moi dans ma contemplation de toi et de tes objets.
S
Stratège que tu es, mais c'est si vrai ce que tu décris là. Apprivoiser encore et encore un espace que l'on ne sait sien que parce qu'on l'éprouve chauqe nouvelle fois. Rien ne nous appartient jamais vraiment n'est-ce pas?
Ocoindufeu
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